Hubert Reeves

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Émission du 18 décembre 2004
(diffusée par erreur le 11 décembre)

Lors des trois précédentes causeries, nous avons cherché les implications de la persistance de la vie terrestre pendant près de quatre milliards d'années. Nous avons évoqué l'influence de la luminosité solaire, celle de la distance Terre-Soleil, et celle de la composition de notre atmosphère, sur la température à la surface de notre planète et, en conséquence la possibilité d'y avoir de l'eau à des températures également propices à la vie.

Dans cette causerie, nous allons passer en revue les phénomènes astronomiques qui auraient pu exterminer la vie sur la Terre.

Deux types de phénomènes différents sont susceptibles de modifier en profondeur le cours de l'évolution biologique : les chutes de météorites et les explosions stellaires.

Grâce à l'étude des cratères lunaires, nous connaissons maintenant assez bien l'histoire des collisions météoritiques dans notre région du système solaire. En l'absence d'eau, de glace et d'érosion à la surface de la Lune, notre satellite a gardé intactes les cicatrices des chocs qu'il a successivement subis. Sur la Terre, les glaciations successives en ont effacé les traces.

Les bombardements météoritiques ont été particulièrement violents pendant les premiers cinq cents millions d'années du système solaire. Toute tentative d'élaboration de phénomènes vitaux aurait été rapidement éradiquée par l'immense chaleur dégagée par ces chocs.

Plusieurs auteurs ont imaginé que la vie a pu apparaître puis disparaître plusieurs fois de suite, éliminée du fait des collisions particulièrement violentes. Ce n'est peut-être pas un hasard si les plus vieilles traces de vie ne dépassent pas quatre milliards d'années (alors que la Terre a 4,6 milliards d'années). C'est à partir de cette période, en effet, que les bombardements ont beaucoup diminué.

Aujourd'hui, des pierres continuent à tomber du ciel. Fort heureusement, beaucoup moins grosses et beaucoup plus rarement. Et d'autant plus rarement qu'elles sont plus grosses. On estime que les bolides capables de modifier profondément l'ensemble de la biosphère comme, par exemple, celui qui a exterminé les dinosaures il y a 65 millions d'années, ne nous atteignent en moyenne qu'une fois par cent millions d'années.

Une fois par cent millions d'années, cela représente environ une quarantaine d'événements depuis l'apparition de la vie, et une dizaine seulement depuis celle des organismes multicellulaires (plantes et animaux), il y a un milliard d'années.

La disparition des dinosaures par la chute d'une météorite au Mexique porte le nom de « cinquième extinction ». La quatrième, qui élimina près de 90 % des espèces végétales et animales, remonte à 250 millions d'années. La cause en serait aussi une collision météoritique, en Australie apparemment, mais cette hypothèse est contestée. On ne connaît pas les causes des extinctions antérieures. Il n'est pas déraisonnable de penser à des phénomènes analogues.

Le constat de la pérennité de la vie nous permet de tirer des conclusions d'ordre planétaire.

Et les conclusions tirées sont de précieuses indications pour qui s'intéresse à l'histoire du système solaire.

Note du webmestre :

Cette chronique a été diffusée par erreur le 11 décembre 2004. Nous la faisons néanmoins apparaître ici sous la date du 18 décembre 2004, afin de respecter la chronologie initialement prévue.