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Un univers infini ? (3)
Émission du 23 juillet 2005
Une fois de plus, nous revenons sur le thème des dimensions de l'univers, thème fascinant s'il en est ! Depuis des milliers d'années, les penseurs s'en emparent. Pourtant, nous n'en avons toujours pas une connaissance suffisante pour répondre aux questions qui se posent …
- Si l'univers est fini, on doit pouvoir dénombrer les galaxies et les étoiles : aussi grand qu'en soit le nombre, on peut envisager la possibilité de trouver un jour sa valeur (« il y a tant de galaxies, tant d'étoiles »). On saura alors que l'univers n'est pas infini.
- Mais s'il est infini, comment arriver à s'en assurer puisqu'aucune technologie, quelle que soit sa puissance et son efficacité, ne peut mesurer que des choses dénombrables ? Dans ce cas de figure d'un univers infini, ne devons-nous pas abandonner tout espoir d'arriver à cette connaissance ? N'est-elle pas, presque par définition, hors des voies rationnelles ? Hors du domaine de la science ?
Il existe pourtant une méthode qui permet de faire encore un pas dans la direction qui nous intéresse. Puisque les faits ne nous sont pas directement accessibles, nous allons nous rabattre sur les théories qui rendent compte de ces faits. Nous allons interroger les théories elles-mêmes.
Nous avons, en physique, des théories qui fonctionnent admirablement :
- D'abord, la Théorie de la Relativité d'Albert Einstein, construite entre 1905 et 1917.
- Ensuite, la physique atomique (physique quantique), développée pendant les années 1920-1930 par Niels Bohr, Werner Heisenberg, Erwin Schrödinger, d'autres personnes … Ces théories se sont crédibilisées par leur aptitude à décrire la réalité avec une précision extraordinaire (voisine du milliardième). On peut leur faire hautement confiance.
- Et aussi, la Théorie du Big Bang, basée en fait sur les deux précédentes. Bien que moins spectaculaires que ceux des deux premières, ses succès dans l'explication et dans la prédiction correcte des phénomènes cosmiques sont quand même très impressionnants.
On peut se risquer à les interroger sur des sujets qui n'ont pas encore fait l'objet d'observations, et qui n'en feront vraisemblablement jamais. Nous les interrogeons sur ce thème qui nous intéresse : l'univers est-il fini ou infini ?
Il s'agit, nous le rappelons, d'une interrogation indirecte via la théorie qui rend compte des observations. On peut affirmer que, si une théorie rend compte des faits observés avec une admirable précision, et a, de surcroît, fait ses preuves en prévoyant correctement des résultats d'expériences ultérieures, il y a de bonnes chances qu'elle puisse s'exprimer correctement au-delà du domaine observable. Pourtant, tenant compte du fait qu'aucune théorie n'est jamais définitivement établie, que toutes les théories ont leurs limites et leurs difficultés, qu'elles sont toutes, et sans exception, passibles d'être élargies par de nouvelles observations, on ne pourra accorder à ce mode d'interrogation qu'une confiance mesurée.
À suivre, prochainement …