Hubert Reeves

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Le temps d’agir nous est compté

Publié le 21 janvier 2015 dans Le Point.fr

Pour préparer l’avenir de nos enfants, il est essentiel de préserver la qualité de nos mers. Le cri d’alarme d’Hubert Reeves pour protéger notre biodiversité.

Au large de l’île de Komodo
Au large de l’île de Komodo dans l’archipel indonésien. © Mike Veitch / Biosphoto / AFP

Une des revues scientifiques à laquelle je suis abonné, Science, précise les limites à ne pas franchir pour garder notre Terre favorable à Homo sapiens. Et l’on retient de cet article que le dérèglement climatique et l’érosion de la biodiversité sont identifiés comme les deux risques majeurs, l’un influençant l’autre et pouvant, l’un et l’autre, mais aussi l’un ou l’autre, entraîner assez rapidement la biosphère dans un état impropre à assurer la pérennité de notre espèce dans de bonnes conditions.

Humanité & Biodiversité, association que je préside, répète depuis des années qu’il faut concevoir la biodiversité comme la dynamique des interactions qui, en permanence, permettent la vie, son développement et sa transmission, sous toutes ses formes … dont la nôtre.

Déjà dans les vœux formulés dans un précédent billet, j’indiquais qu’ayant accepté de parrainer l’Agence française de la biodiversité, je souhaitais sa création rapidement. Parrainer, c’est veiller sur le sort de la filleule ! Refuser, par exemple, qu’elle soit mal dotée, car il faut des moyens pour exister … Ce n’est pas à moi de concevoir le plan de financement, mais recourir au plan d’investissement d’avenir serait d’une grande logique. Car c’est bien de l’avenir qu’il est question.

Qui produira notre oxygène ?

Respirer est une fonction vitale qui nécessite de l’oxygène. Ce sont des micro-organismes océaniques (le phytoplancton) qui, très majoritairement, le fournissent. Pour préparer l’avenir de nos enfants et de nos petits-enfants, il est essentiel de préserver la qualité de nos mers et de leurs offrandes. Près de la moitié du tonnage des phosphates utilisés dans les champs se retrouve, via les cours d’eau, dans les océans. Ces apports perturbent profondément le milieu aquatique. Ils font s’effondrer l’oxygène dissous dans l’eau et asphyxient la vie aquatique. Qui produira notre oxygène ? Va-t-on continuer à programmer la disparition des poissons ? Ce n’est qu’un exemple de perte de biodiversité, celle-ci liée à des méthodes agricoles, avec des conséquences sur l’humanité de demain.

Tous les secteurs d’activité sont concernés, dont la foresterie et les travaux publics, en passant par l’activité industrielle. Les infrastructures et l’urbanisme sont de grands dévoreurs d’espaces naturels et agricoles … Pour aider tous les acteurs économiques, les collectivités, il existe un outil : la stratégie nationale pour la biodiversité, sauf que … depuis fin 2013, il n’y a plus d’engagements interministériels pour atteindre les objectifs fixés. Il faut y remédier rapidement, et le Comité interministériel pour le développement durable — qui doit prochainement être convoqué — se devrait d’annoncer une relance. Cette recommandation, c’est ma façon d’être parrain !