Hubert Reeves

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Loi biodiversité : Monsieur Valls, tenez vos engagements !

Publié le 13 juin 2015 dans Le Point.fr

Le vote de la loi censée créer l’Agence de la biodiversité a été reporté au mépris de la parole donnée par le gouvernement. Hubert Reeves s’insurge.

L’assemblée nationale
Le Premier ministre s’était engagé à ce que la loi Biodiversité soit votée avant l’été. Elle ne figure pas à l’agenda parlementaire de la session de juillet. © CITIZENSIDE/YANN BOHAC / AFP

L’absence de la loi « Biodiversité » à l’agenda parlementaire de juillet est une nouvelle à laquelle je ne m’attendais pas et dont je n’ai pas été prévenu. Le projet de loi qui porte création de l’Agence de la biodiversité fut annoncé par le gouvernement dès la conférence environnementale de septembre 2012. Et le Premier ministre a assuré cette année que le texte serait adopté « avant l’été ».

J’ai accepté de parrainer l’Agence française pour la biodiversité dont la mise en place était annoncée pour janvier 2016. Une telle création n’est pas une opération seulement technique. Des hommes et des femmes travaillent dans les établissements actuels concernés : l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema), l’Agence des aires marines protégées (AAMP), les Parcs nationaux de France (PNF) et le groupement d’intérêt public « Acteurs-territoires-espaces naturels » (ATEN). Ils attendaient de cette importante réforme la mise en place de l’Agence au 1er janvier prochain. Reporter l’adoption de la loi, c’est la différer sans se soucier suffisamment de ces salariés que l’on place dans l’incertitude trop longtemps.

Les deux sens du mot humanité

Je suis maintenant président d’honneur de l’association Humanité & Biodiversité après en avoir été longtemps président. J’aime toujours prendre le mot « humanité » dans ses deux sens. Le premier renvoie à « l’ensemble des humains » et les rappelle à leurs responsabilités envers la biodiversité. Mais dans le cas présent, il ne faut pas omettre le second : la disposition à la compréhension des autres, ici ces personnes en attente de leur sort. Elles sont impliquées dans les politiques dont un ministère a la charge. Elles œuvrent dans un service public indispensable…

Je fais miennes les deux raisons invoquées par Humanité & Biodiversité pour considérer ce report comme inacceptable. Si la loi n’est pas définitivement adoptée au plus tôt cet automne, si l’Agence française de la biodiversité ne démarre pas comme prévu dès le 1er janvier 2016, si les engagements pris ne sont pas tenus, si le renoncement à la parole donnée est constaté… que faudra-t-il en penser ?