Hubert Reeves

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Une épargne au service du développement durable

Publié le 1er septembre 2015 dans Le Point.fr

Si j’ai de l’argent à placer et que je ne veux pas qu’il serve indirectement à abîmer encore la planète, que puis-je faire ? Le conseil d’Hubert Reeves.

Épargne
Les comptes d’épargne solidaire se multiplient et sont gérés par des financiers réellement impliqués dans l’avenir de notre société. © A. GELEBART/20 MINUTES/SIPA

Je suis toujours étonné de constater la démesure extrême qui existe entre les sommes d’argent qui circulent dans les banques et dans les marchés (ce que Mitterrand appelait l’argent baladeur) et celles qui sont assignées et utilisées à la protection de l’environnement. Une fraction infime des premières suffirait à résoudre nombre des problèmes graves qui pèsent sur l’avenir de nos enfants et petits-enfants. Les événements nous le confirment tous les jours : il s’agit de rien de moins que de la survie de l’humanité.

Devant cette situation, avons-nous, en tant que citoyens, des possibilités d’action ?

Des livrets sujets à contestation

Bien sûr, notre rôle d’électeur n’est pas négligeable, mais je me suis aussi demandé ce que nous pourrions faire si nous avions quelques sous dans une banque. Tout ce que nous lui demandons, c’est qu’elle nous le préserve pour pouvoir l’utiliser au besoin. Et qu’elle nous serve les maigres intérêts d’usage. Mais à quoi sert-il, cet argent que nous confions à notre banque ? Est-il utilisé pour des causes valables ? Ou au contraire pour des actions peu recommandables, susceptibles d’endommager la planète ?

Il existe des livrets de développement durable (LDD). Quelle fraction des avoirs en banque des Français ces sommes représentent-elles ? Voici ce que j’ai appris. En 2014, le patrimoine financier des Français s’élevait à plus de 4 415 milliards tandis que les LDD atteignaient 102 milliards d’euros (Pdf). Donc moins de trois pour cent de la richesse des citoyens sont consacrés à la cause la plus urgente de notre période !

De surcroît, il semble que ces livrets de développement durable soient sujets à contestation quant à la répartition des sommes épargnées. On se pose des questions quand on apprend que des compagnies filiales du CAC apparaissent sur la liste des bénéficiaires. En quoi servent-elles à assurer un développement durable ?

Vers des comptes d’épargne solidaire

Il existe fort heureusement une autre possibilité pour celui qui cherche une épargne conforme aux objectifs de développement durable. Il s’agit des comptes dits d’épargne solidaire ; un mouvement de faible envergure (7 milliards d’euros) mais en croissance très rapide et géré par des financiers réellement impliqués dans l’avenir de notre société.

Un festival de la finance solidaire aura lieu le 19 septembre 2015 au Cabaret sauvage, parc de la Villette, Paris 19e. Voilà une bonne nouvelle, parmi toutes les mauvaises, pour ceux qui ont à cœur d’apporter leur brique à la construction d’un monde durable.