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Après Nicolas Hulot, le déluge ?

Publié le 29 août 2018 dans Le Point.fr

Cet été a montré, s’il le fallait, la réalité du changement climatique. Mais nos gouvernants ont-ils pris conscience de la gravité de la situation ?

Nicolas Hulot
Peut-on blâmer Nicolas Hulot de refuser de se prêter à des compromis que sa conscience réprouve ?
© Jean Michel Nossant/SIPA

La crise écologique contemporaine a le grand mérite de provoquer une évolution considérable des mentalités face à la nature et aux êtres vivants, plantes et animaux. La détérioration massive de notre environnement par l’utilisation de nos techniques industrielles et les menaces que ces dégâts font peser sur notre avenir nous oblige à nous questionner sur notre comportement.

L’été qui vient de se terminer et les informations catastrophiques sur les dérèglements climatiques — canicules, sécheresses, incendies de forêt un peu partout dans le monde — nous font savoir que les prédictions des écologistes sont déjà des réalités. On peut se demander si nos gouvernants ont bien pris conscience de la gravité de la situation.

Derrière le récit des événements récents, la décision du gouvernement de faire la part belle aux revendications des chasseurs et la démission du ministre de l’Écologie, on voit deux objectifs s’opposer, celui de l’électoralisme gouvernemental et celui de garder la planète habitable. Comment maintenir à bout de bras un équilibre entre deux causes apparemment incompatibles ? Les petits pas de la France, jugés tellement trop petits, sont pourtant plus grands que dans d’autres pays. C’est au niveau international que se situe le problème. Et on peut aussi se demander si les autres gouvernements, en Europe par exemple, ont eux aussi pris conscience de la gravité de la situation.

Peut-on blâmer Nicolas Hulot de refuser de se prêter à des compromis que sa conscience réprouve, sachant qu’il risque, par là, de déclencher une crise politique aux effets hautement imprévisibles ? À quel moment convenait-il de dire Stop ? Bien malin qui peut le dire !

Je conserve intacte mon admiration pour Nicolas Hulot qui a courageusement accepté une situation si hautement inconfortable. Je souhaite simplement que nous n’ayons pas à regretter son départ.

La période qui s’annonce est faite de rendez-vous politiques majeurs : des résultats des futures élections européennes puis françaises dépendront les orientations politiques pour la nature … dont nous dépendons tous.