Hubert Reeves

Paris, le 28 mars 2010.

Être climato-sceptique …

Chers amis,

La contestation est nécessaire. Les contestataires jouent un rôle important … La pensée unique est contre-productive, et ne stimule pas la recherche, qui seule permet d'accroître nos connaissances sur le dérèglement climatique. Le doute et la controverse sont d'efficaces leviers pour faire avancer la science. Il importe cependant que les contestataires aient des arguments valables. Ce qui ne me parait pas être le cas chez les climato-sceptiques. De surcroît, la contestation ne doit pas être exploitée sur le plan politique. Elle ne doit pas faire dire à des scientifiques ce qu'ils n'ont pas dit. Elle ne doit pas transformer en pamphlet un exposé qui devrait être construit avec une rigueur toute scientifique.

Le problème réside dans l'affaiblissement de la science que cela pourrait propager. Tout discrédit brutal porté fort médiatiquement sur la théorie crée un mouvement d'opinion facilement irrationnel. L'examen comparé des argumentations est toujours possible, mais il reste tentant de penser qu'il est, pour d'innombrables raisons, réservé aux scientifiques eux-mêmes et aux personnes très préoccupées de séparer le vrai du faux. Pourtant, une très récente enquête montre que l'opinion est à la hauteur des circonstances auxquelles il faut faire face.

Le sondage de « Terra eco »–OpinionWay indique que, pour 62 % des personnes interrogées, Claude Allègre — qui ne ménage pourtant pas ses efforts — n'est pas compétent pour parler de changement climatique, car ce n'est pas son domaine. Par contre, le Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat est considéré comme digne de confiance à 58 %. Ce résultat favorable au GIEC n'est pas un plébiscite, et ce seul fait crédibilise l'enquête.

Amicalement,