Hubert Reeves

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Article paru dans Le Courrier De L'UNESCO de janvier 1993


Hubert Reeves
répond aux questions
de Bahgat Elnadi et Adel Rifaat


Dans cet entretien, Hubert Reeves répond aux questions habituelles sur son rôle de vulgarisateur, sur ces quinze milliards d'années passées, l'évolution et la pyramide de la complexité.

Son hommage à Darwin lui permet d'introduire une notion qui lui est chère: le hasard. Aujourd'hui, on pense que « nécessité » et « hasard » sont indissociables". Il est important de rapporter l'exemple qu'il propose : « … nous sommes sur Terre, aujourd'hui, cinq milliards d'êtres humains, tous soumis aux mêmes lois physiques – et pourtant tous différents les uns des autres. Le fait que nous ayons chacun notre personnalité, notre histoire, notre destin propre, montre bien que les lois de la nature, pour contraignantes quelles soient, font une large place au jeu, à l'imprévisible, c'est-à-dire, en définitive, à la liberté ».

Pour les hommes, comme pour les cristaux de neige, ou pour les papillons, la « nature » agit de la même façon … d'un côté, elle organise la matière en imposant ses lois ; de l'autre, elle brise la mortelle monotonie de l'ordre en laissant un espace au hasard, terreau de la diversité.

Depuis quelque temps déjà, Hubert Reeves estime que la science n'a pas de vertu exclusivement bénéfique … et appelle à « en surveiller l'évolution et les applications ». La répartition très inégalitaire des richesses dans le monde est une préoccupation qu'il exprime souvent. Il considère que trouver les bases d'une solidarité, d'une justice, qui réconcilient les hommes est un préalable à la réconciliation de l'humanité avec la biosphère. Et il en appelle à une mobilisation.

« Je parle bien d'une lutte pour la survie » précise-t-il avec insistance. Et s'il évoque « des instances de décision internationales » ... « il faut aussi éviter les dangers d'une sorte de gouvernement mondial, d'une puissance sans contrepoids, qui deviendrait très vite redoutable » …